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la chaire de la vérité ; bientôt le fanatisme en armes assiégea ces portes ; il s’imaginait sans doute, le furieux fou ! égorger la pensée, poignarder l’esprit !

Ramus enseignait ici. Le roi, c’était Charles IX, eut pourtant un noble mouvement, et lui fit dire qu’il avait un asile au Louvre. Ramus persista. Il n’y avait plus de libre en France que cette petite place, les six pieds carrés de la chaire… Assez pour une chaire, assez pour un tombeau !

Il défendit cette place et ce droit, et il sauva l’avenir… Il mit ici son sang, sa vie, son libre cœur… en sorte que cette chaire transformée ne fût jamais pierre ni bois, mais chose vivante.

Aussi ne vous étonnez pas si les ennemis de la liberté ne peuvent voir cette chaire en face ; ils se troublent en la regardant, s’agitent sans le vouloir, et se trahissent par des cris inarticulés, des bruits sauvages qui n’ont rien de l’homme.

Ils savent qu’elle a gardé un don, c’est que, s’ils prévalaient un jour, si toute voix se taisait, elle parlerait d’elle-même… Nulle terreur du dehors ne lui imposa silence, ni 1572, ni 1793 ; elle parlait naguère pendant les émeutes, et continuait au bruit des fusillades, son ferme et paisible enseignement.

Comment donc se serait-elle tue, cette chaire de