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et Frédéric se trouva, par le choix de Maximilien, vicaire de l’Empire dans la vacance.

Le 3 mars 1519, Luther rassuré écrivit au pape une lettre altière, sous forme respectueuse. «Je ne puis supporter, Très-Saint-Père, le poids de votre courroux, mais je ne sais comment m’y soustraire. Grâce aux résistances et aux attaques de mes ennemis, mes paroles se sont répandues plus que je n’espérais, et elles ont descendu trop profondément dans les cœurs pour que je puisse les rétracter. L’Allemagne fleurit de nos jours en érudition, en raison, en génie. Si je veux honorer Rome par-devant elle, je dois me garder de rien révoquer. Ce serait souiller encore plus l’Église romaine, la livrer aux accusations, au mépris des hommes.

« Ceux-là ont fait injure et déshonneur à l’Église romaine en Allemagne, qui, abusant du nom de Votre Sainteté, n’ont servi par leurs absurdes prédications qu’une infâme avarice, et qui ont souillé les choses saintes de l’abomination et de l’opprobre d’Égypte. Et comme si ce n’était assez de tant de maux, moi qui ai voulu combattre ces monstres, c’est moi qu’ils accusent.

« Maintenant, Très-Saint-Père, j’en atteste Dieu et les hommes, je n’ai jamais voulu, je ne veux pas davantage aujourd’hui toucher à l’Église romaine, ni à votre sainte autorité. Je reconnais pleinement que cette Église est au-dessus de tout, qu’on ne lui peut rien préférer, de ce qui est au Ciel et sur la terre, si ce n’est Jésus-Christ, notre Seigneur. »