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Augustins, et chargé de remplacer le vicaire général dans les visites pastorales de la Misnie et de la Thuringe, il se croyait sans doute plus responsable qu’un autre du dépôt de la foi saxonne. Sa conscience fut frappée, il risquait beaucoup en parlant ; s’il se taisait, il se croyait damné.

Il commença dans la forme légale, s’adressa à son évêque, celui de Brandebourg, pour le prier de faire taire Tetzel. L’évêque répondit que c’était attaquer la puissance de l’Église, qu’il allait se faire bien des affaires, qu’il valait mieux se tenir tranquille. Alors Luther s’adressa au primat, archevêque de Mayence et de Magdebourg. Ce prélat était un prince de la maison de Brandebourg, ennemie de l’électeur de Saxe ; Luther lui envoyait des propositions qu’il offrait de soutenir contre la doctrine des indulgences. Nous abrégeons sa lettre, extrêmement longue dans l’original (31 octobre 1517)  :

« Père vénérable en Dieu, prince très illustre, veuille votre grâce jeter un œil favorable sur moi qui ne suis que terre et cendre, et recevoir favorablement ma demande avec la douceur épiscopale. On porte par tout le pays, au nom de Votre Grâce et Seigneurie, l’indulgence papale pour la construction de la cathédrale de Saint-Pierre de Rome. Je ne blâme pas tant les grandes clameurs des prédicateurs de l’indulgence, lesquels je n’ai point entendus, que le faux sens adopté par le pauvre, simple et grossier peuple, qui publie partout hautement les imaginations qu’il a conçues à ce sujet. Cela me fait mal et me rend