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modérée, trois siècles de la Révolution, trois morts pour témoigner sur une morte.

Rude moment. La République guillotine une reine. Les rois guillotinent un royaume. La Pologne est tuée avec Marie-Antoinette. Les bourreaux de la Pologne ont fini avec elle ; ils sont libres d’agir. La Prusse est contente maintenant, elle a sa proie ; elle va agir enfin sur le Rhin, gagner l’argent anglais, aider l’Autriche, qui n’a rien cette fois en Pologne et veut saisir l’Alsace. Autriche et Prusse, elles vont enfoncer les portes de la France, le 13 octobre. Le calcul de Carnot, qui affaiblit le Rhin pour vaincre au Nord, va tourner contre lui.

Carnot semble un homme perdu. Barère aussi, qui, malgré Robespierre, malgré Bouchotte, Hébert, a mis Carnot au Comité.

Que pouvait ce calculateur, quand nos armées, immobiles de misère, se trouvaient incapables de suivre ses calculs ? Les administrations militaires (subsistances, habillements, transports), la cavalerie aussi étant à peu près anéanties, ces pauvres armées paralytiques ne pouvaient prendre l’offensive ; à peine faisaient-elles de faibles mouvements.

Hoche disait un mot dur dans son langage de soldat : « Nous faisons une guerre de hasard et de bamboche, nous n’avons pas d’initiative, nous suivons l’ennemi où il veut nous mener. »

Ce fut en effet sur un mouvement de l’ennemi et facile à prévoir que s’éveilla le Comité de salut public. Le contraste était grand. L’Autrichien agis-