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en amena deux cents. Il n’avait aucune hâte de donner aux Marseillais l’honneur d’un si grand mouvement.

Barbaroux put voir bientôt combien ce plan romanesque d’une insurrection innocente, généreuse et pacifique, exécutée par des mains furieuses et déjà sanglantes, avait peu de vraisemblance. Dès le lendemain, aux Champs-Élysées, les Marseillais, invités à un festin, se trouvèrent, à deux pas des grenadiers des Filles-Saint-Thomas, et il y eut immédiatement une collision sanglante. Qui commença ? On ne le sait. Les Marseillais, chargeant d’ensemble, eurent un avantage facile ; leurs adversaires furent mis en fuite. Le pont-levis des Tuileries s’abaissa pour les recevoir, se releva pour arrêter les Marseillais qui s’élançaient à leur poursuite. Plusieurs des blessés, reçus aux Tuileries, furent consolés et pansés par les dames de la cour.

La petite armée fédérée, cinq cents Marseillais et trois cents Bretons, etc., en tout cinq mille hommes, était au complet dans Paris, l’insurrection était imminente. Tout le monde s’y attendait. Un muet tocsin sonnait dans les oreilles et dans les cœurs. Le 3 août, il retentit dans l’Assemblée même. Pétion, à la tête de la Commune, se présente à la barre. Spectacle étrange, le froid, le flegmatique Pétion, ayant derrière lui ses dogues, les Danton et les Sergent, qui le poussaient par derrière, débitant de sa voie glacée un brûlant appel aux armes.

« La Commune vous dénonce le pouvoir exécutif…