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sommes, en ce moment, un million de factieux. »

Sur quarante-huit sections, quarante-sept avaient voté la déchéance de Louis XVI.

Pour la prononcer sans risque de collision, il fallait désarmer la cour. La Gironde et les Jacobins étaient d’accord là-dessus. Le Girondin Fauchet, le Jacobin Choudieu, demandèrent, obtinrent de l’Assemblée que les troupes de ligne fussent envoyées à la frontière. L’Assemblée, sous cette double influence, ordonna le licenciement de l’état-major de la garde nationale. C’était briser, dans Paris, l’épée de La Fayette, émoussée déjà, mais qui lui restait encore.

La cour perdait ainsi ses défenses et ses barrières. On alla encore plus loin ; on lui contesta les Suisses ; on remarqua qu’alors même ils avaient leur chef, leur colonel général à Coblentz ; c’était le comte d’Artois, et tel de leurs officiers était payé à Coblentz de l’argent de la nation.

Pendant qu’on s’efforçait de désarmer la royauté, arrivait chaque jour dans Paris l’armée de la Révolution. Je parle des différents corps fédérés des départements. Ces fédérés n’étaient point des hommes quelconques, des volontaires pris au hasard ; c’étaient ceux qui s’étaient présentés à l’élection pour combattre les premiers, ceux qui se destinaient aux armes, ceux qu’on avait élus sous l’influence des sociétés populaires, comme les plus ardents patriotes et les plus fermes soldats.

Les fédérés tombèrent dans la fermentation de