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des clubs, une lutte sans fin, qui mettait partout l’anarchie. Le directoire de la Seine-Inférieure, celui de la Somme, se signalèrent par la véhémence de leurs adresses contre-révolutionnaires, après le 20 juin. Le ministre fit imprimer à l’imprimerie royale, publier à grand nombre l’adresse de la Somme, outrageuse pour l’Assemblée.

La grandeur du danger eut un effet singulier, imprévu, qui, pour ne pas durer, n’en prêta pas moins une force d’unité terrible à la Révolution… Dès le 28, Brissot, qui n’allait plus aux Jacobins, s’y rendit, se porta pour accusateur de La Fayette, demanda l’union, l’oubli. L’homme de la presse, Brissot, l’homme des Jacobins, Robespierre, rapprochés un moment, se dirent des paroles de paix.

Le 30 juin, Jean Debry, au nom de la commission des douze, fit à l’Assemblée un rapport « sur les mesures à prendre en cas du danger de la patrie », et posa spécialement le cas où ce danger viendrait précisément du pouvoir exécutif, dont la mission est de le repousser.

La question était ainsi jetée dans les esprits, lorsque toute la France fut avertie par le rapport, et que dans toutes les villes et dans tous les villages commença à sonner ce mot : Danger de la patrie ; alors, pour la seconde fois, la cause nationale contre la royauté fut remise aux pures et nobles mains de Vergniaud. Son discours, d’une ampleur de style, d’un développement grandiose, avec beaucoup de redondances, étonne à la lecture. Le procédé est