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tence de Dieu en général, dont on n’avait pas parlé, et non sur ce que Guadet appelait superstitieux : la croyance à une intervention spéciale de Dieu dans telles affaires particulières, la croyance à l’action personnelle de Dieu, hors du cours des lois du monde, la foi aux coups d’État de Dieu, laquelle ruine toute prévoyance, et toute philosophie, et toute vraie religion, — celle-ci nous enseignant qu’il est de la majesté divine de vouloir obéir régulièrement aux lois qu’elle a faites elle-même.

Robespierre, sans bien répondre et se jetant à côté, n’en fut pas moins très habile, vraiment éloquent. Il eut un touchant retour sur l’époque où il s’était vu seul au milieu d’une assemblée hostile et sur le secours qu’il avait tiré du sentiment religieux.

Puis, portant à la Gironde, aux prétentions philosophiques de ses adversaires, un coup très adroit, les élevant pour les abattre, attestant le patriotisme et la gloire du jeune Guadet (encore inconnu), il ajouta : « Sans doute tous ceux qui étaient au-dessus du peuple renonceraient volontiers pour cet avantage à toute idée de la divinité ; mais ce n’est pas faire injure au peuple ni aux sociétés auxquelles on envoie cette adresse que de leur parler de la protection de Dieu, qui, selon mon sentiment, sert si heureusement la Révolution. » Ainsi il faisait habilement appel à l’envie ; avec toutes les ressources de son talent académique, il travaillait à se faire peuple, et, mettant perfidement ses ennemis au-