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sart n’avait désobéi à l’Assemblée que pour obéir au roi.

C’était un coup indirect, mais bien frappé, sur Robespierre. Toutes les pièces qu’on lut pour attaquer Delessart prouvaient, contre l’opinion de Robespierre, que la cour n’avait nullement voulu la guerre, que, loin de là, à tout prix, elle voulait l’éviter.

La France était comme un homme lié des deux mains ; la gauche liée par la cour, la droite par Robespierre et la fraction jacobine qui représentait réellement le génie des Jacobins.

Retard fatal d’un mouvement inévitablement lancé. Le mouvement ne s’arrêtait pas, mais il devenait une agitation sur place, un tournoiement convulsif de la France sur elle-même ; elle semblait près de se briser.

Les Girondins, dans cet acte décisif qui n’était rien autre chose qu’un coup frappé sur l’obstacle, sur l’entrave qui retenait tout, reproduisaient à la lettre l’idée de Sieyès, au moment de 1789 : « Coupons le câble, il est temps. »

L’union des Tuileries et de Vienne, la parfaite identité d’esprit et d’intention entre la cour et l’ennemi avait apparu trop clairement dans l’acte de Léopold, où il semblait si bien instruit de notre état intérieur, de la situation des partis, de l’importance des clubs, etc. On avait, assez maladroitement, fait parler l’Empereur comme un Feuillant, comme Duport ou Lameth. Rien d’étonnant. L’acte