Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/393

Cette page a été validée par deux contributeurs.

du camarade de collège, dont Desmoulins se vante tant, celle du grand citoyen « qui lui est cher et vénérable », enfin la main de Robespierre. On a retrouvé, minuté de cette même main, on possède encore le perfide et menteur rapport de Saint-Just qui perdit Danton. Nul doute que le plan du factum de Desmoulins contre Brissot n’ait été de même fourni par Robespierre, tout au moins l’indication précise des principaux chefs d’accusation. Le plus atroce se retrouve reproduit au premier numéro du journal que Robespierre publia bien peu après. On croit rêver en lisant, tant l’imputation est invraisemblable, absurde.

Savez-vous pourquoi Brissot, en juillet 1791, proposait la République ? C’était, selon Robespierre et Desmoulins, pour préparer le massacre du Champ de Mars ! — Tout ce que faisait Brissot, c’était pour dégoûter d’avance le peuple de la liberté, pour lui faire regretter la servitude, « pour faire avorter la liberté de l’univers par son empressement d’en faire accoucher la France avant terme ».

Voilà le texte commun du maître et de l’écolier. Puis celui-ci brode. Il s’abandonne à sa verve. Pourquoi Brissot a-t-il poussé à bout Barnave et Lameth ? Pour les jeter dans les bras de la cour, fortifier celle-ci et perdre la Révolution. Pourquoi a-t-il précipité l’affranchissement des noirs ? Pour incendier Saint-Domingue et faire calomnier la Révolution. Pourquoi encore, en ce moment, reproche-t-il à Desmoulins d’avoir défendu les maisons de jeu ?