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lança les paysans ; l’assemblée aristocratique les autorisa au crime. Ils s’emparèrent de Vaison, égorgèrent dans leurs maisons La Villasse et Anselme (23 avril 1791). Cet assassinat, autorisé, légalisé, cet essai pour terroriser les magistrats patriotes, fut pour tout le Rhône un coup électrique. Le maire d’Arles, Antonelle, noble patriote, militaire philosophe, qui avait quitté les lettres pour se précipiter dans la Révolution, vint s’offrir aux Avignonnais avec des troupes et du canon ; il monta en chaire à la cathédrale et somma le peuple de venger le sang de ses magistrats, indignement égorgés.

Duprat et Mainvielle partirent immédiatement d’Avignon avec trois mille hommes, sans argent, sans vivres, se fiant au brigandage, aux contributions forcées. Mais, quelque diligence qu’ils fissent, Carpentras était préparée. On n’avait pas résolu le meurtre de La Villasse sans se mettre d’abord en défense. Toute l’aristocratie française, royaliste et fayettiste, semblait s’être entendue ici pour faire éprouver au parti français d’Avignon un honteux échec. Ce n’étaient pas des secours officiels qu’avait reçus Carpentras. Tout avait été hasard : c’est par hasard que des officiers français, allant en Italie, s’arrêtèrent à Carpentras ; par hasard, que des artilleurs de Valence vinrent servir les pièces ; par hasard que des fondeurs lorrains vinrent fondre de l’artillerie. Il en était venu aussi de Provence, que Carpentras disait avoir achetée. Celle des Avignonnais, mal servie par des artilleurs novices, ne fit aucun