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de faire prononcer la déchéance de Louis XVI. Ce fut à Monsieur, comme régent de France, que l’impératrice de Russie envoya un ministre en 1791. Ce qui peut-être blessait le roi encore plus, c’était la légèreté cruelle des émigrés, qui, hors de France, en sûreté, avaient plaisanté du malheur de Varennes, chansonné « le cocher Fersen ». Ces plaisanteries revenaient au roi par les journaux de Paris.

Les émigrés ne se contentaient pas de l’avoir abandonné ; ils augmentaient ses périls par leurs démarches irréfléchies. Ils demandèrent ainsi, brusquement, à l’étourdie, au général patriote qui commandait à Strasbourg, qu’il leur livrât cette place. L’intérêt du roi était que les maladroits champions de sa cause, qui, sans souci de son danger, prétendaient travailler pour lui, fussent éloignés de la frontière. Ce fut, je crois, sincèrement qu’il signa la lettre que ses ministres, Duport-Dutertre et Montmorin, écrivaient en son nom pour rappeler les émigrés, et celle où il priait les puissances de dissoudre l’armée de l’émigration (14 octobre 1791).

Le point réel où le roi était dans un désaccord profond, irréconciliable avec la Révolution, c’était la question des prêtres. La vente des biens ecclésiastiques, la réunion d’Avignon, le serment civique exigé, c’étaient les trois questions qui lui pesaient sur le cœur. Très probablement, si l’on savait l’histoire de sa conscience, de ses confessions, de