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sitation de leurs ennemis, se croyaient perdus le 18 juillet. Ils firent une démarche étrange qui eût pu les perdre en effet dans l’opinion ; ils se mirent, pour ainsi dire, à plat ventre, rampèrent devant l’Assemblée. Robespierre rédigea pour eux une adresse, étonnante d’humilité, qu’ils adoptèrent, envoyèrent. Cette Assemblée nationale, que lui-même, le 21 juin, il avait proclamée un repaire de traîtres, il la loue de ses généreux efforts, de sa sagesse, de sa fermeté, de sa vigilance, de sa justice impartiale et incorruptible. Il lui rappelle sa Déclaration des droits, sa gloire et le souvenir des grandes actions qui ont signalé sa carrière : « Vous la finirez comme vous l’avez commencée, et vous rentrerez dans le sein de vos concitoyens, dignes de vous-mêmes. Pour nous, nous terminerons cette adresse par une profession de foi dont la vérité nous donne le droit de compter sur votre estime, sur votre confiance, sur votre appui : respect pour l’Assemblée, fidélité à la constitution, etc. »

Les Jacobins signèrent, envoyèrent à l’Assemblée cette triste palinodie ; mais ils se gardèrent bien de l’insérer au journal de leurs débats. Ce fut Brissot qui, le 24, leur joua le mauvais tour de la publier. Était-ce indiscrétion ? ou bien croyait-il avilir le rédacteur, Robespierre, avec lequel, dès cette époque, il sympathisait très peu[1].

  1. En août, Robespierre se relève assez habilement par une longue Adresse aux Français, de cinquante pages, expliquant pourquoi il ne s’est pas déclaré plus promptement pour la république : « Quant au monarque, je n’ai point partagé l’effroi que le titre de roi inspire à presque tous les peuples libres », etc.