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l’instigation directe de ceux qui avaient intérêt à détruire la pétition avec les pétitionnaires. Je parle des royalistes. On a vu que les plus violents d’entre eux, nobles ou clients des nobles, perruquiers, dragons, etc., s’étaient réunis ou à la troupe du centre ou à celle de Bailly. Ces derniers, selon toute apparence, voyant que les gardes nationaux de Bailly ne tiraient qu’en l’air, coururent se joindre à la troupe du centre, lui dirent qu’on avait tiré sur le maire, que les sommations étaient impossibles. Les chefs auront pris cet avis pour un ordre du maire lui-même, et suivi leurs furieux guides qui montraient, marquaient le but, l’autel et la pétition.

Si la garde soldée n’eût été ainsi habilement dirigée par ceux qui avaient un but politique, elle eût, on peut l’affirmer, tiré de préférence sur ceux qui lui jetaient des pierres, frappé sur les agresseurs. Tout au contraire, elle laissa les groupes hostiles qui la provoquaient et tira sur la masse inoffensive de l’autel de la Patrie. La cavalerie prit le galop et s’en alla, folle et furieuse, contre cette montagne vivante, toute d’hommes, de femmes et d’enfants qui répondit à la décharge par un effroyable cri…

Chose étrange et pourtant certaine, l’artillerie, restée à sa place, voulant faire aussi quelque chose, allait tirer à mitraille, à travers la plaine, dans un nuage de poussière, parmi la foule qui fuyait, et sur ses propres cavaliers. Il fallut, pour arrêter ces idiots, que La Fayette poussât son cheval à la gueule des canons, qui allaient tirer.