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chement à cette femme parfaite qui leur en présentait l’image, cela formait tout naturellement un groupe, une harmonie complète. Ils se convinrent si bien qu’ils se demandèrent s’ils ne pourraient continuer de vivre ensemble. Auquel des trois vint cette idée ? On ne le sait ; mais elle fut saisie par Roland avec vivacité, soutenue avec chaleur. Les Roland, en réunissant tout ce qu’ils avaient, pouvaient apporter à l’association soixante mille livres ; Lanthenas en avait vingt mille ou un peu plus, à quoi Bancal en aurait joint une centaine de mille. Cela faisait une somme assez ronde, qui leur permettait d’acheter des biens nationaux, alors à vil prix.

Rien de plus touchant, de plus digne, de plus honnête que les lettres où Roland parle de ce projet à Bancal. Cette noble confiance, cette foi à l’amitié, à la vertu, donne et de Roland, et d’eux tous, la plus haute idée : « Venez, mon ami, lui dit-il. Eh ! que tardez-vous ?… Vous avez vu notre manière franche et ronde ; ce n’est point à mon âge qu’on change, quand on n’a jamais varié… Nous prêchons le patriotisme, nous élevons l’âme ; le docteur fait son métier ; ma femme est l’apothicaire des malades du canton. Vous et moi nous ferons les affaires », etc.

La grande affaire de Roland, c’était de catéchiser les paysans de la contrée, de leur prêcher le nouvel Évangile. Marcheur admirable malgré son âge, parfois, le bâton à la main, il s’en allait jusqu’à Lyon avec son ami Lanthenas, jetant la bonne