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HISTOIRE DE FRANCE

pensant qu’on allait lui intimer l’ordre de quitter la France. — « Invenerunt regem tristi vultu sedentem, nec, ut solebat, archiepiscopo assurgentem. Considerantibus autem illis, et diutius facto silentio, rex tandem, quasi invitus abeundi daret licentiam, subito mirantibus cunctis prosiliens, obortis lacrymis projecit se ad pedes archiepiscopi, cum singultu dicens : « Domine mi pater, tu solus vidisti. » Et congeminans cum suspirio : « Vere, ait, tu solus vidisti. Nos omnes cæci sumus… Pœniteo, pater, ignosce, rogo, et ab hac culpa me miserum absolve : regnum meum et meipsum ex hac ora tibi offero. » Gervas. Cantuar., ap. Scr. fr. XIII, 33. Vit. quadrip., p. 96.


95 — page 265Jean de Salisbury

Salisbury fait partie du pays de Kent, mais non du comté de ce nom. Du temps de l’archevêque Thibaut, ce fut Jean de Salisbury qu’on accusa de toutes les tentatives de l’Église de Kenterbury pour reconquérir ses privilèges. Il écrit, en 1159 : « Regis tota in me incanduit indignatio… Quod quis nomen romanum apud nos invocat, mihi imponunt ; quod in electionibus celebrandis, in causis ecclesiasticis examinandis, vel umbram libertatis audet sibi Anglorum ecclesia vindicare, mihi imputatur, ac si dominum Cantuariensem et alios episcopos quid facere oporteat solus instruam… » J. Sareber. epist., ap. Scr. fr. XVI, 496. — Dans son Policraticus (Leyde, 1639, p. 206), il avance qu’il est bon et juste de flatter le tyran pour le tromper, et de le tuer (Aures tyranni mulcere… tyrannum occidere… æquum et justum.). — Dans l’affaire de Thomas Becket, sa correspondance trahit un caractère intéressé (il s’inquiète toujours de la confiscation de ses propriétés, Scr. fr. XVI, 508, 512, etc.), irrésolu et craintif, p. 509 : il fait souvent intercéder pour lui auprès de Henri II, p. 514, etc., et donne à Becket de timides conseils, p. 510, 527, etc. Il ne semble guère se piquer de conséquence. Ce défenseur de la liberté n’accorde au libre arbitre de pouvoir que pour le mal (Policrat., p. 97). Il ne faut pas se hâter de rien conclure de ce qu’il reçut les leçons d’Abailard ; il vante saint Bernard et son disciple Eugène III. (Ibid., p. 311.)


96 — page 287Henri II déclara l’Angleterre fief du saint-siège

« Præterea ego et major filius meus rex, juramus quod a domino Alexandro papa et catholicis ejus successoribus recipiemus et tenebimus regnum Angliæ. » Baron. Annal., XII, 637. — A la fin de la même année il écrivait encore au pape : « Vestræ jurisdic-