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DESTINÉE DE LA RACE CELTIQUE

incapable de rien admettre au dehors, de se lier à rien d’étranger. Les dix mille hommes du clan des Campbell ont tous été cousins du chef[1], se sont tous appelés Campbell, et n’ont voulu rien connaître au delà ; à peine se sont-ils souvenus qu’ils étaient Écossais. Ce petit et sec noyau du clan s’est trouvé à jamais impropre à s’agréger. On ne peut guère bâtir avec des caillous, le ciment ne s’y marie pas[2] ; au contraire la brique romaine a si bien pris au ciment, qu’aujourd’hui ciment et brique forment ensemble dans les monuments un seul morceau, un bloc indestructible.

Devenues chrétiennes, les populations celtiques devaient, ce semble, s’amollir, se rapprocher, se lier. Il n’en a pas été ainsi. L’Église celtique a participé de la nature du clan. Féconde et ardente d’abord, on eût dit qu’elle allait envahir l’Occident. Les doctrines pélagiennes avaient été avidement reçues en Provence, mais ce fut pour y mourir. Plus tard encore, au milieu des invasions allemandes qui arrivent de l’Orient, nous voyons l’Église celtique s’ébranler de l’Occident, de l’Irlande. D’intrépides et ardents missionnaires abordent, animés de dialectique et de poésie. Rien de plus bizarrement poétique que les barbares odyssées de ces saints aventuriers, de ces oiseaux voyageurs qui vien-

  1. Aussi l’obéissance de ces cousins n’est-elle pas sans indépendance et sans fierté. Un proverbe celtique dit : « Plus forts que le laird sont ses vassaux. » (Logan.) — App. 55.
  2. Proverbe breton : Cent pays, cent modes ; cent paroisses, cent églises :
    Kant brot, kant kis ;
    Kant parrez, kant illis.

    Proverbe gallois : Deux Welches ne resteront pas en bon accord.