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teur de l’homme, de son énergie féconde, des efforts prodigieux de ce grand ouvrier. Elle ne les soupçonne même pas.

Elle est la beauté et n’aime que le beau, mais sans effort, le beau tout fait. Il y a une autre beauté qu’elle a peine à saisir, celle de l’action, du travail héroïque, qui a fait cette belle chose, mais qui est plus belle elle-même, et souvent jusqu’au sublime.

Grande tristesse pour ce pauvre créateur de voir qu’en admirant l’effet (l’œuvre réussie), elle n’admire pas la cause, et trop souvent la dédaigne ! que ce soit justement l’effort qu’on a fait pour elle qui refroidisse son cœur, et qu’en méritant davantage, on commence à lui plaire moins !




« J’ai beau faire, je ne la tiens pas. Elle est à moi depuis longtemps et je ne l’aurai jamais. »

C’est le mot assez bizarre qu’un homme de vrai mérite, d’un cœur aimant et fidèle, toujours épris de sa femme, disait un jour. Celle-ci, brillante, mais bonne et douce, complaisante, aimable pour lui, ne pouvait être l’objet d’aucun reproche sérieux. Elle n’avait d’autre défaut que sa supériorité et sa distinction croissante. Il sentait, non sans tristesse, qu’elle n’était plus enveloppée de lui comme d’a-