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RÉCAPITULATION. — SYSTÈMES DIVERS.

Ce génie matérialiste n’a pas permis aux Celtes de céder aisément aux droits qui ne se fondent que sur une idée. Le droit d’aînesse leur est odieux. Ce droit n’est autre originairement que l’indivisibilité du foyer sacré, la perpétuité du dieu paternel[1]. Chez nos Celtes, les parts sont égales entre les frères, comme également longues sont leurs épées. Vous ne leur feriez pas entendre aisément qu’un seul doive posséder. Cela est plus aisé chez la race germanique[2] ; l’aîné pourra

    deux par an ; Campion, qu’ils se mariaient pour un an et un jour. — Les Pictes d’Écosse prenaient leurs rois de préférence dans la ligne féminine (Fordun, apud Low, Hist. of Scotland) : de même chez les Naïrs du Malabar, dans le pays le plus corrompu de l’Inde, la ligne féminine est préférée, la descendance maternelle semblant seule certaine. — C’est peut-être comme mère des rois que Boadicea et Cartismandua sont reines des Bretons, dans Tacite. — Les lois galloises limitent à trois cas le droit qu’a le mari de battre sa femme (lui avoir souhaité malheur à sa barbe, avoir tenté de le tuer, ou commis adultère). Cette limitation même indique la brutalité des maris. — Cependant l’idée de l’égalité apparaît de bonne heure dans le mariage celtique. Les Gaulois, dit César (B. Gall., lib. VI, 17), apportaient une portion égale à celle de la femme, et le produit du tout était pour le survivant. Dans les lois de Galles, l’homme et la femme pouvaient également demander le divorce. En cas de séparation, la propriété était divisée par moitié. Enfin, dans les poésies ossianiques, bien modifiées, il est vrai, par l’esprit moderne, les femmes partagent l’existence nuageuse des héros. Au contraire, elles sont exclues du Walhalla Scandinave.

  1. Dans l’Italie antique, Deivei parentes. V. la lettre de Cornélie à Caïus Gracchus.
  2. Le partage égal tombe de bonne heure en désuétude dans l’Allemagne ; le Nord y reste plus longtemps fidèle. V. Grimm, Alterthümer, p. 475, et Mittermaier, Grundsætze des deutschen Privatrechts, 3e ausg., 1827, p. 730. — J’ai lu dans un voyage (de M. de Staël, si je ne me trompe), une anecdote fort caractéris-