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le mouvement externe des circonférences, et la physique le mouvement interne des centres. La morale est moins certaine encore que la physique, parce que celle-ci considère les mouvements internes des corps, qui ont leur origine dans la nature, laquelle est certaine et constante, tandis que la morale scrute les mouvements des âmes, qui se passent à de grandes profondeurs, et qui proviennent le plus souvent du caprice, lequel est infini. En outre, en physique, les théories sont reçues pour vérités, du moment qu’on peut faire quelque chose qui s’y rapporte. C’est pour cela que les théories sur la nature passent pour les plus importantes, et sont accueillies de tout le monde avec la plus grande faveur, si on y ajoute des expériences qui offrent une imitation de la nature.

Pour tout dire en un mot, le vrai est convertible avec le bon, si ce qui est connu comme vrai tient son être de l’esprit par lequel il est connu, et que la science humaine imite ainsi la science divine, par laquelle Dieu, en connaissant le vrai, l’engendre à l’intérieur dans l’éternité, et le fait à l’extérieur dans le temps. Quant au criterium du vrai, c’est pour Dieu de communiquer la bonté aux objets de sa pensée (vidit Deus, quod essent bona), de même c’est pour les hommes d’avoir fait le vrai qu’ils connaissent. Mais pour fortifier ces principes, il faut les assurer contre les attaques des dogmatiques et des sceptiques.


§ II. — De la vérité première selon les Méditations de René Descartes.


Les dogmatiques de notre temps révoquent en doute, avant d’entrer dans la métaphysique, toutes