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CORRESPONDANCE

misère extrême dans quelque famille noble, et plutôt chez celles qui ont des filles, et que tu m’en avises, pour que je lasse quelque bien. Ce sera pour le salut de mon âme.

0000(Ibid.)


Rome, 7 mars 1551.0000

J’ai reçu les poires. Il y en avait 90, dont 7 bronche, comme vous les baptisez. Rien de plus, sur ce point. Quant au chapitre de la femme, je t’ai dit encore samedi mon sentiment. Compte la dot pour rien. N’aie souci que du sang pur et de la race noble ; que ta future soit bien élevée et saine. Par ailleurs, je ne sais rien te dire de particulier, parce que, de Florence, je n’en sais pas plus que qui n’y habite jamais. On m’a parlé, ces jours derniers, d’une demoiselle des Alessandri ; mais je n’en sais rien de particulier. Ce que j’apprendrai, je te le dirai.

Messer Giovan Francesco m’a demandé, il y a déjà un mois, si j’avais quelque chose qui ait appartenu à la marquise de Pescara. J’ai un petit livre en parchemin qu’elle me donna, il y a environ dix ans. Il contient 103 sonnets, non compris ceux qu’elle m’envoya plus tard de Viterbe, sur vélin, au nombre de 40. Je les ai fait relier dans le même volume que j’ai prêté alors à maintes personnes, de sorte qu’il y en a des copies partout. J’ai aussi beaucoup de lettres qu’elle m’écrivait d’Orvieto et de Viterbe. C’est tout ce qui me reste de la marquise…

0000(Musée Britann.)


Rome, 1551.0000

… Quant au livre des sonnets de la marquise, je ne l’envoie pas, parce que je le ferai copier, d’abord, avant d’en risquer l’expédition.

0000(Arch. Buonarroti.)


Rome, 1551.0000

Mon avis est que, si tu trouvais une jeune fille noble, bien élevée, bonne et très pauvre, tu vivrais en paix avec elle. Prends-la sans dot, pour l’amour de Dieu. Je crois qu’à Florence on peut trouver un parti semblable, et il me plairait beaucoup pour que tu ne t’obliges pas à des cérémonies, à des folies et à une infortune semblable à celle de tant d’autres. Tu es riche, et tu ne sais comment. Je ne veux pas me mettre à raconter la misère que je trouvai dans notre maison, quand je commençai à lui venir en aide : un livre n’y suffirait pas. Je n’y ai pourtant trouvé que de l’ingratitude. Que Dieu te fasse apprécier l’état où tu te trouves, et ne cours pas après les pompes et les folies.

0000(Ibid.)


Rome, 20 mai 1553.0000

Ta dernière lettre m’apprend que tu as enfin la femme à la maison, que tu en es bien satisfait, que tu me salues de sa part et que tu n’as pas encore soldé la dot. Ta satisfaction me fait le plus grand plaisir, et il me semble qu’il faut en remercier Dieu.