catifs que les Turcs. Nous nous étions assis, dans le café, a côté d’un vieillard à longue barbe au teint animé, à l’œil vif. Nous avons d’abord échangé quelques parole ; puis Ia conversation s’est établie, et nous nous sommes mis à parler de la prédestination. Notre interlocuteur, qui était supérieur d’un couvent de derviches, nous a paru, dès les premiers mots qu’il nous a dits, très-grand partisan de la doctrine du fatalisme. Il l’a soutenue avec nous par des sentences, et surtout par des anecdotes qu’il racontait longuement ; je lui opposais des doutes, je me retranchais dans mon ignorance des volontés de Dieu et des lois par lesquelles la Providence régit ce bas monde. « Nous savons si peu-de choses dans cette vie, lui disais-je, que je n’ose rien affirmer. » Et, lui montrant les cimetières que nous avions devant nous sur la colline de Saint-Dimitri, j’ajoutai : « Ces pierres sépulcrales, que nous voyons là-haut, en savent peut être plus que nous. » Cette manière de raisonner a paru embarrasser notre derviche ; et soit qu’il fût blessé de mon scepticisme, soit qu’il ne trouvât d’abord rien à me répondre, il a gardé le silence pendant quelques minutes, puis il est revenu à la charge, et s’est mis à nous raconter une histoire qui venait à l’appui de sa doctrine. Un Musulman avait une femme malade et en danger de mort. Comme cette femme avait des biens considérables, il s’occupa des moyens de recueillir sa succession,
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