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salle assez vaste, où la lumière pénètre de tous les côtés, à la fois, et dont le soleil fait en quelque sorte le principal ornement, on n’y trouve d’autres meubles qu’un sopha circulaire et une espèce de secrétaire et de bureau où travaille son Excellence. Le président est un homme de cinquante-cinq ans. J’ai remarqué dans sa physionomie un air spirituel et bienveillant, et dans ses manières, la politesse des gens de cour, mêlée au ton réservé des diplomates. Son élocution est élégante et facile, il a plus de finesse que d’étendue et d’élévation dans l’esprit ; sa conversation est bien moins empruntée à ce que l’expérience a de positif qu’aux spéculations de la philosophie ; en un mot, il paraît plus appartenir à l’école rêveuse de Platon qu’à l’école politique de Périclès et de Thémistocle, et sa vanité, qu’il ne cache point, lui donne, dès l’abord quelque chose d’hellénique.

Après les complimens d’usage, le président m’a demandé des nouvelles de la France j’ai répondu laconiquement sur ce point ; j’étais impatient d’entendre parler de la Grèce. La conversation a été d’abord générale ; elle a roulé sur les temps passés. Pour me rapprocher du temps présent, j’ai demandé au président quel nom on devait donner à la Grèce régénérée : sera-t-elle un royaume ou une république ? — Un royaume, m’a-t-il dit car il faut donner un lien, un intérêt commun à des provinces toujours prêtes à se séparer les unes des au-