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les plus riantes. Hésiode raconte que Vénus, au sortir des eaux, fut portée par les Zéphyrs dans une nacre de perle, sur la côte de cette île fortunée, et c’est pour cela que le nom de Cythérée a été donné à la déesse par les poètes qui sont venus après Hésiode. Pausanias rapporte que les Phéniciens d’Ascalon avaient bâti dans cette île un temple magnifique à Vénus-Uranie. Une des chroniques du siège de Troie parle des solennités célébrées à Cythère en l’honneur de la mère des Amours. La même chronique ajoute que ce fut dans une de ces solennités que Pàris séduisit et enleva l’épouse de Ménélas. Les poétiques souvenirs se sont conservés dans l’île de Cérigo. Les habitans montrent encore, nous dit-on, les ruines du temple de Vénus et du palais de Ménélas ; ils font voir aussi aux étrangers une grotte qu’ils appellent les Bains d’Hélène. L’île de Cythère, à ces époques reculées, devait sans doute présenter partout le spectacle de l’abondance et de la joie ; mais les choses paraissent avoir bien changé : le temps n’a pas plus épargné l’île des Amours qu’il n’a coutume d’épargner la beauté elle-même. On retrouve à peine quelque restes incertains de ce qu’on admirait autrefois ; la terre végétale, la terre où naissaient le laurier et le myrthe, et tout ce que la nature produit de fruits délicieux, a fait place à des rochers stériles ; et la partie de l’île que nous avons vue en passant près de la côte, ne suffirait pas, je crois, à nourrir les colombes de Vénus.