Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sieurs endroits, est couvert d’une poussière jaune ; il est raboteux et si difficile, que nos meilleurs chevaux de France pourraient à peine y marcher au pas. Certains géographes ont coutume de marquer les routes et les distantes par des villages, des maisons et même des arbres, la guerre et la révolution ont mis toutes ces géographies en défaut ; car on ne trouve plus, de Navarin à Modon, ni arbres, ni maisons, ni villages. Notre guide nous montrait à chaque pas quelques ruines récentes, et d’une voix lamentable, il répétait : Ibrahim ! Ibrahim ! Ce sont les souvenirs qu’à laissés en Morée le fils de Méhemet-Ali. La Grèce avait reçu autrefois de l’Égypte des leçons moins barbares.

Pendant toute notre, route, nous ne voyions que de misérables débris de cabanes, cachés sous des ronces et des herbes sèches. Nous n’avons vu debout qu’une mauvaise baraque, ou de pauvres gens vendent du vin aux passans. Au-dessus de cette baraque flotte un drapeau blanc semblable au signal de détresse qu’on arbore après un naufrage. Dans-tout, l’Orient, le drapeau blanc est le signal de la paix, et c’est de ce drapeau que la Grèce attend aujourd’hui son salut. Puisse-t-il porter bonheur a la cabane hospitalière !

Après une heure de marche à travers des montagnes stériles, la vallée s’élargit, et le voyageur peut découvrir les remparts et les tours de Modon. À mesure qu’on arrive dans la plaine, on voit, çà