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et près des ports où abordaient les alliés. Il ne tiendrait qu’à moi de vous raconter des aventures presque semblables à ce qui se passait dans le palais et dans l’île de Circé. Cette réunion de la corruption et de la solitude a quelque chose qui étonne et qui afflige. Que la débauche se montre au milieu d’une grande capitale comme Paris, cela se conçoit aisément, mais qu’on la trouve dans des lieux qui semblent réservés à la dévotion des ermites, voilà un contraste dont l’esprit est révolté !

Les femmes qui se prostituent de la sorte viennent des îles ou bien des parties de la Grèce que la guerre n’a point visitées. Vous savez que la plupart de celles qui étaient tombées au pouvoir des Égyptiens ont suivi leurs ravisseurs en Égypte ; ce qui fait que le nombre des femmes, sur cette côte, n’est pas encore en proportion avec la population mâle. Je me rappelle maintenant que cet exil volontaire des femmes grecques, que cette préférence donnée à des Turcs et à des Arabes nous avait beaucoup scandalisés à Paris ; mais il ne faut pas toujours voir les choses du mauvais côté, et malgré de fâcheuse apparences, malgré les faits que je viens d’exposer, j’aime à croire que le monde n’est pas aussi corrompu qu’on nous le dit. Les filles de la Grèce, qui ont renoncé à leur terre natale, avaient presque toutes perdu leurs époux et leurs parens ; il ne leur restait plus d’asile ni de ressource dans le pays qu’elles quittaient ; Aucune de celles qui