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l’un nous parlait de son mal dans un langage que nous n’entendions pas, l’autre nous tendait un bras nu, comme pour nous inviter à lui tâter, le pouls, un autre s’approchait ouvrant une large bouche et tirant un pied de langue. Nous étions fort embarrassés, et le sort du médecin malgré lui s’est présenté quelquefois à notre pensée. Nous nous sommes donc décidés de bonne grâce à tâter le pouls des malades, à étudier leurs maux, et nous avons donné fort gravement des consultations ; la plupart des maladies étaient, comme je l’ai déjà dit, des rhumatismes et des fièvres chroniques. Au milieu de la foule, nous avons distingué un capitaine des canonniers du fort ; il était accompagné de deux de ses soldats dont l’un avait la fièvre tierce, et l’autre, un rhumatisme aigu au genou. Le capitaine, assez bel homme, qui paraissait avoir trente ou trente-cinq ans, pouvait à peine marcher ; il n’a pu nous expliquer clairement le mal dont il souffrait, mais nous avons compris à ses discours, quoique assez mal rendus par son interprète, que le vin et les femmes l’avaient réduit à un état d’épuisement dont il ne pouvait se rétablir.

Le conseil que j’avais à lui donner en pareil cas, c’était de s’abstenir de tout ce qu’avait pu le mettre dans le fâcheux état où il se trouvait. Ce conseil, qui me semblait assez raisonnable, n’a pas été bien reçu, et le capitaine des canonniers a paru prendre mon savoir en pitié. « Je n’ai pas besoin