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mes d’Israël, ils chantent encore sur les bords du Sçamandre et du Simoïs le psaume de l’exil Super flumina Babylonis. J’ai lu dans je ne sais quel auteur que le roi Priam, assiégé dans sa capitale, avait fait demander des secours au roi David ; nous devons regretter que les guerriers de la Judée ne soient pas venus alors dans les plaines de Troie. Quel intérêt auraient pour nous des souvenirs historiques qui nous montreraient sur le même champ de bataille les héros de l’Iliade et les héros de la Bible, la gloire d’Ilion et la gloire de Solime ! Cette seule pensée me ferait aimer les pauvres Juifs de Kounkalé.

Nous avions parmi nos visiteurs quelques Grecs du pays ; ceux-ci, quoiqu’ils aient plus de sympathie avec les Francs, se présentaient avec plus de circonspection et de timidité que les autres. On voit bien que cette nation, n’en est plus au siège de Troie, et que l’ombre d’Achille et d’Ajax ne la protège plus. L’historien Calchondile dit quelque part que les Turcs, qu’on appelle en latin Turci et Teucri descendent en droite ligne deTeucer, un des héros de Troie, et que ce peuple a reçu du ciel la mission de venger les malheurs d’Ilion. Il faut avouer que jamais mission ne fut mieux remplie, et qu’il ne manque rien à la punition des pauvres descendans d’Achille et du roi des rois. Les osmanlis affectent en toute occasion avec les Grecs une supériorité brutale et ne leur permettent pas de