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mère, dans ses récits de batailles, ne nomme-t-il pas un seul lieu qui puisse nous aider à suivre les combattans. Comme sur ce terrain vague, sur cette grande table rase aucun objet, aucune localité particulière ne venait nous distraire, il ne nous restait qu’à étudier dans l’Iliade le caractère et la physionomie des combats dont la plaine a été le théâtre. Je pourrais vous peindre ici les mœurs belliqueuses des héros et des dieux d’Homère, les passions barbares, les passions généreuses qui se montraient dans les combats, les scènes variées à l’infini d’un champ de bataille. Je pourrais vous parler des armes et de la discipline des guerriers, de leur manière de combattre ; mais après vous avoir retenu si long-temps dans les lieux où fut Troie, je ne veux pas vous poursuivre encore avec l'Iliade, et vous accabler de mon érudition nouvelle. Je ne veux pas trop imiter les héros d’Homère, qui n’en finissent point avec leurs longs discours, et je ne désire pas que vous me compariez à ce bon Nestor, qui croyait n’en avoir jamais assez dit.

Je vous ferai donc grâce de mes digressions mais ce que je ne puis passer sous silence, c’est l’accident qui nous est arrivé, et qui aurait pu terminer notre voyage d’une manière tragique. Dans, notre promenade à travers la plaine de Troie, nous nous rapprochions tantôt du Scamandre qui, à quelque distance de sa source, coule, sans bruit et