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de sourire en voyant le dieu du feu appelée combattre la puissance de l’onde. Rappelez-vous les scènes de l’Acropplis et des portes Scées, rappelez vous les combats d’Achille et d’Hector, les combats des dieux, et représentez-vous en même temps le Scamandre poursuivi jusques dans ses roseaux par le dieu du feu ; quels contrastes pleins de poésie ! La nature n’est pas plus riche et plus variée dans ses ouvrages.

Nous aimons à suivre les combats du Xante, parce que la pensée du fleuve divin se mêle à celle d’Ilion ; il est le seul de tous les dieux que nous avons vu figurer dans la Troade, qui soit resté dans le pays ; toutefois ce fils de Jupiter a eu aussi ses révolutions ; car il se trouve soumis maintenant à la domination du capitan-pacha, qui ne le respecte pas plus que le bouillant Achille, et qui le condamne à faire tourner des moulins. Le Scamandre n’a pas moins eu à souffrir de l’ignorance de certains géographes qui ont voulu lui ôter son nom, et le placer ailleurs, ce qui équivalait à un véritable exil ; le Scamandre a néanmoins conservé les vieux marbres de sa fontaine, et sa gloire se retrouvera toujours dans l’Iliade.

Pendant que nous étions assis sous les sables du Xante, nous ayons eu la visite de plusieurs habitans du pays. Ils nous ont appris que le Scamandre est appelé par les Turcs, Bournarbachi mendéré (rivière de Bournarbachi). Le terrain d’où jail-