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ce que nous venons de lire ! Homère a bien senti qu’il ne pouvait porter plus loin l’intérêt de son récit ; l’action du poème est terminée ; les deux chants qui suivent, consacrés à la mémoire des morts, et remplis d’une mélancolie sublime sont comme ces hymnes religieux qui accompagnent au tombeau les puissances de la terre. Quintus de Smyrne, dans son poème, nous décrit longuement la destruction de Troie ; il aurait mieux fait d’imiter le silence d’Homère, qui se contente de nous montrer le désespoir d’Hécube, de Priam et d’Andrémaque, les alarmes du peuple troyen, reste sans appui. C’est à Virgile qu’il était réservé de décrire les désastres d’Ilion, puisqu’il voulait nous intéresser à la cause des Troyens ;. l’Iliade finit où l’Énéide devait commencer.

Homère a personnifié en quelque sorte deux grands peuples ou plutôt deux empires ; Ilion est tout entière dans Hector ; la Grèce respire dans le bouillant Achille. Le caractère des deux héros mérite ici toute notre attention ; Hector fut dans l’antiquité le modèle du patriotisme ; les Thébains qui, par ordre des oracles, vinrent chercher les cendres du héros pour ranimer chez eux l’amour de la patrie rendaient un solennel hommage à ce noble caractère. Quand Virgile nous dit qu’Hector eût sauvé Troie si Troie eût pu être sauvée, il ne fait qu’exprimer les sentimens des anciens ; on se plaisait à voir Homère lui-même donner au fils de