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furent assiégés en 1770, et qu’elle tomba au pouvoir d’Ibrahim, peu de temps avant la bataille de Navarin.

Un bateau grec nous a portés à l’île de Sphagia ou Sphacterie, située en face de Navarin. Cette île, qui peut avoir près d’un mille de longueur, sur une largeur de trois ou quatre cents toises, ferme la rade du côté de l’ouest. Quoiqu’elle n’ait jamais été habitée, elle n’a point été oubliée par l’histoire. Le souvenir des désastres dont elle a été le théâtre remonte à la guerre du Péloponnèse, et c’est dans le récit élégant de Thucydide qu’il faut lire comment un corps nombreux de Lacédémoniens s’y trouva renfermé sans espoir d’être secouru. Lacédémone, pendant le siège de Pilos, avait perdu sa flotte ; il ne lui restait aucun moyen de délivrer ses guerriers. Elle envoya des ambassadeurs à Athènes, et s’abaissa jusqu’à implorer la paix. Toute la Grèce avait alors les yeux sur l’ile de Sphacterie ; ces négociations n’eurent aucun résultat pacifique, et les Athéniens firent une descente dans l’île. Les Spartiates, qui s’y trouvaient assiégés opposèrent d’abord une vive résistance, mais après plusieurs combats, accablés par le nombre, affaiblis par la faim, ayant vu massacrer la moitié de leurs compagnons, ils mirent bas les armes et furent conduits à Athènes, chargés de fers. Après ce désastre des Lacédémoniens, l’histoire ne parle plus de l’ile de Sphacterie, que pour les temps modernes, ou les mêmes scènes