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Argillars, viennent les vallées désertes et les hauteurs escarpées de l’Ida. La route devient raide et pierreuse ; à droite et à gauche, l’œil aperçoit tantôt d’énormes masses de pierres calcaires, tapissées de mousse, d’herbes et de lierre rampant, de hauts sommets de granit qui paraissent comme des ruines de vieux châteaux ; tantôt des amphithéâtres naturels, ornés de roches taillées en colonnades et couronnés de noirs sapins. Un bruit sourd avertit le voyageur qu’il approche des sources du fleuve ; vous entendez la chute des eaux, et la grande voix du Simoïs est la seule qui retentisse dans ces solitudes. Ce désert sombre et montagneux, avait attiré dans son sein les cénobites du troisième et du quatrième siècle. On voit encore sur le penchant des collines et sur les bords escarpés du fleuve naissant, les ruines d’anciennes chapelles et de cellules abandonnées. Il faut croire que le mont Ida fut quelque temps, comme le mont Athos, la retraite de la piété fervente qui s’exilait du monde. Ainsi Homère et la Bible avaient tour à tour animé ces lieux déserts. On adora les images de la Vierge dans les lieux où les trois déesses avaient disputé le prix de la beauté. Ces montagnes poétiques, qui avaient inspiré le chantre d’Achille, répétèrent alors les hymnes sublimés d’Isaïe et de David. Des pans de murailles présentent encore des images, assez bien conservées, de la Vierge et des Saints ; ce qui prouverait que les chapelles et les cellules, des cénobites chré-