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tière turc, situe sur le bord du chemin, renferme plusieurs petites colonnes brisées ou taillées pour servir d’ornemens aux sépulcres. Nous avons vu sur un marbre blanc qui décore une fontaine, un bas-relief fort bien travaillé, qui représente l’oiseau de Junon. La figure de cet oiseau qui a pu appartenir à un temple, nous a fait penser qu’on avait jadis élevé dans ces lieux des autels à l’épouse de Jupiter. En quel lieu en effet la déesse Junon devait-elle être plus révérée que dans le voisinage du mont Ida, qu’elle avait tant de fois honoré de sa présence ?

Bientôt une plaine immense s’est ouverte devant nous ; dans cette plaine coule une rivière qui porte divers noms, car les Turcs appellent ordinairement les fleuves et les rivières du nom des villages et des lieux qu’ils arrosent dans leurs cours. On remarque du côté de la mer quatre arcades d’un pont ruiné.

Nous voilà entrés dans une vaste forêt de chênes. Les chênes de l’Anatolie ne sont point aussi élevés que ceux d’Europe ; leur tronc est moins noueux et moins robuste. Leur branchage si régulier et si bien, arrondi qu’on le croirait quelquefois taillé au ciseau, présente un dôme très-élégant. On chercherait en vain dans ces forêts le frigus opacum, la fraîche obscurité dont parle Virgile, car les feuilles du chêne, rares et dentées sur leurs bords, n’empêchent point les rayons du soleil d’y pénétrer de