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globe. Oui, le firmament a aussi ses pèlerins, ses voyageurs, qui parcourent cet archipel céleste qu’on appelle la Voie Lactée, comme nous parcourons maintenant l’Archipel des Cyclades ; de même que nous allons d’île en île, de rivage en rivage, ils passent d’une étoile à une autre étoile, ils vont de soleil, en soleil…

Lorsque je me livre à ces rêveries, je n’éprouve pas le moindre besoin de dormir, quoique le silence qui règne autour de nous et le bruit monotone des vagues lointaines, invitent tout le monde au sommeil. L’étoile du matin me retrouve souvent tout préoccupé des prodiges de la nuit ; et d’autres merveilles s’offrent alors à mes regards ; l’horizon s’éclaircit par degré ; des nuages couleur de flammes se montrent vers l’orient ; c’est le soleil qui sort du sein de la mer Égée. Je me rappelle avoir décrit autrefois les pompes du matin ; j’avais vu souvent le beau soleil de mai se lever sur les hauteurs resplendissantes du Jura ; je me souviens de tout ce que j’éprouvais alors, mais il me semble qu’aucun spectacle n’a jamais pu égaler en magnificence celui de l’astre du jour se levant au milieu des îles de l’Archipel ; non, jamais ces grands tableaux ne sortiront de ma pensée, et lors même que l’Orient ne m’aurait montré que les belles nuits et le lever de son soleil, je ne l’oublierais point, et je n’aurais pas à regretter les peines de mon voyage.