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nous espérions nous trouver le lendemain matin en face de Ténedos et devant la côte de Troie. Mais à peine avions-nous doublé le cap, que la tramontane s’est levée avec violence, et nous a entraînés vers l’île de Chio. Or, vous saurez que la tramontane est un vent du nord qui vient de la Mer Noire, et qui règne pendant les trois mois de l’été sur la Propontide et sur la mer Égée. Pendant toute la nuit, nous avons couru çà et là sous la tempête, et c’est avec beaucoup de peine que nous avons pu nous mettre à l’abri dans la rade d’Érisso, sur les côtes méridionales de l’île de Méthelin.

Ce coté, de l’île forme un triste contraste avec celui dont la vue nous avait charmés les jours précédens. On n’y voit que des précipices, des rochers nus, des montagnes sans, aucune végétation. Nous n’avions dans le port, où nous avait poussés l’orage, que le plaisir de la sécurité, et l’aspect du pays nous donnait à peine l’envie de descendre à terre. Cependant les provisions nous manquaient : il a bien fallu en chercher dans les villages voisins de la côte. À une lieue de la baie est un petit bourg, nommé Erisso ; quelques terres cultivées, quelques vignes, des oliviers et des figuiers, plantés çà et là, entourent le village, composé à peu près de deux cents maisons, et forment comme un oasis au milieu d’un désert montueux. Le jour même de notre arrivée dans la baie, nous nous sommes rendus au village d’Erisso. On nous a conduits chez l’aga du village,