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quée ; ces belles colonnes, ainsi que tous les marbres du monument, sont autant de dépouilles de l’ancienne Éphèse. La partie de la mosquée, qui en est comme le sanctuaire, et que les Turcs appellent Kiblé, est peinte et sculptée avec beaucoup de luxe et d’éclat. La niche sacrée où se-déposait le Coran, est enrichie de dorures ; des inscriptions arabes couvrent les murs du temple ; L’extérieur de la mosquée, du côté de l’ouest et du midi, offre des ornemens dans le style sarrasin ; des treillages en fil de fer et des châssis en bois donnent un air d’élégance aux fenêtres de la mosquée. Les deux dômes de l’édifice ont été dépouillés de leurs lames de plomb : les minarets, qui s’élèvent au-dessus de la toiture, ont subi des dégradations, et leurs flèches sont brisées. En parcourant le temple abandonné, je ne pouvais me défendre d’un sentiment à la fois religieux et mélancolique. Un sanctuaire, quel qu’en soit le dieu, inspire toujours le recueillement et le respect, et je ne sais quelle émotion secrète nous accompagne partout où les hommes ont prié. La grande mosquée d’Aia-Solouk est devenue maintenant la demeure des cigognes et des corneilles ; elles s’y montrent par milliers.

Cet édifice, avec la blancheur de son marbre, avec sa physionomie sarrasine et son imposante grandeur, présente un aspect qui frappe d’abord le voyageur. Le caractère et la forme du monument sont tels, qu’on est surpris que des savans