fois pour nous reposer et pour observer les productions et les divers aspects du pays. Toutes les campagnes en générale, même les plus fertiles, sont plus agréables à voir de loin que de près : on chercherait vainement dans les paysages de l’Ionie l’ombre et la verdure de nos forêts d’Europe. Quand on approche de ces beaux figuiers, de ces beaux orangers~, qui sont la parure des champs et des jardins, on ne trouve ni mousse ni gazon pour s’asseoir. Quant au murmure des ruisseaux, il n’en faut pas parler ; rien n’est plus rare qu’une fontaine. Les oiseaux sont invisibles et muets ; on n’entend sur les arbres et dans les buissons que le chant monotone des cigales. On s’étonne que les plantes puissent vivre au milieu de ce déluge de feu, et qu’il y ait quelque végétation sur une terre embrasée. Aussi, nos arbres d’Europe ont-ils, beaucoup de peine à s’acclimater dans un pays où le soleil brûle leurs fruits sans les mûrir, où des millions de fourmis et d’insectes les dévorent. Parmi les végétaux que le sol a produits, il ne reste ordinairement que les plus vivaces ; les plus faibles succombent aux premiers feux du soleil, et, ce qui m’a surpris quelquefois ceux qui ont résisté à l’épreuve de la sécheresse tiennent à la terre durcie, comme si leurs racines avaient pénétré dans la pierre ou dans le marbre. On peut comparer les plantes de ce pays aux habitans : ceux qui n’ont pas une forte vitalité meurent de bonne heure, les autres que la nature a cons-
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