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roseaux. On croit que ce sont les ruines d’un temple élevé à Diane par une colonie venue d’Éphèse. Ce lieu est appelé par, le Turcs Chalcabounar.

Nous sommes, restés quelque temps : assis à l’ombre d’un platane, les yeux attachés sur la fontaine, ou bain de Diane, ayant derrière nous la grande route de Smyrne. Là, je rêvais, en silence aux singulières révolutions qui s’opèrent dans le monde où nous sommes. Nous étions alors dans le lieu même où s’élevèrent les autels d’une divinité du paganisme, et nous voyions passer près de nous de longues files de chameaux conduits par des Musulmans au turban vert, qu’on appelle les cousins de Mahomet ; le chamelier de chaque caravane, monté sur un âne, jouait du flageolet pour ranimer ses chameaux fatigués, et les airs du chamelier réveillaient les échos qui avaient répété les chants d’Homère. On sait que ce grand poète composa un hymne à Diane et qu’il le chanta lui-même en ce lieu où nous n’entendons plus que le bruit de la caravane qui passe et le coassement des grenouilles cachées dans Je marécage.

À un quart d’heure, de marche, de l’autre côté du chemin, nous, avons reconnu la source d’où coule la fontaine de Diane. On trouve là une grotte, moitié l’ouvrage de ta nature, moitié construite en maçonnerie ou avec des pierres apportées ; cette grotte n’a rien de remarquable que la tradition qui nous représente Homère venant y chercher des