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des bâtimens de guerre européens qui viennent à Smyrne, et lorsqu’il se rend à bord d’un vaisseau, il sacrifie largement à Bacchus.

Lorsque nous avons quitté Osman Effendi, il nous a fait promettre de retourner, chez lui le lendemain, et nous avons tenu parole. À notre arrivée, il est sorti de son kioske, portant un enfant dans chaque bras et nous disant dans sa langue, Voici mon fils, voici ma fille. C’était une manière toute, naturelle d’entrer avec nous en conversation sur sa famille ; pour nous parler de ses enfans, il nous les montrait, il nous aurait volontiers montré sa femme et son esclave qui sont les deux seules compagnes de sa solitude, mais il nous a fait entendre qu’il n’avait pu les déterminer à sortir du harem. Je regrette beaucoup de n’avoir pas compris tout ce qu’il nous a dit sur ce chapitre.

Cette visite m’avait laissé dans une grande surprise ; j’ai parte d’Osman Effendi à plusieurs personnes ; on m’a répondu que j’avais vu un mauvais Turc, qu’il était l’agent du pacha de Candie, et que Soliman l’avait renvoyé de son service, parce qu’il passait pour un homme léger et menteur. Pourquoi faut-il que lorsqu’on arrive dans un pays, ce soit la corruption qui se montre d’abord ? Au reste vous serez peut-être bien aise de savoir ce que c’est qu’un mauvais Turc ; j’en ai vu d’autres dont je vous parlerai, et vous pourrez choisir dans la collection des originaux que vous allez recevoir par la poste.