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fut tant vanté par le poète de Tibur, et le promontoire qui redit, encore aux voyageurs la triste aventure de Palinure. Toutes ces terres, si glorieuses, restaient dans un horizon lointain et nous regrettions de ne pouvoir saluer autrement que par des souvenirs la belle et poétique Italie.

Les seules terres que nous ayons aperçues, ce sont les îles d’Éole où de Lipari, consacrées par les traditions merveilleuses des poètes. Les auteurs anciens n’en connaissaient que sept ; elles sont aujourd’hui au nombre de onze, ce qui prouve qu’elles ont été produites successivement à la suite d’éruptions volcaniques. L’île de Lipari, qui donne son nom à cet archipel, est la plus considérable de toutes ; et c’est la que Virgile fait descendre le dieu du feu pour forger les armes d’Enée ; c’est la, aussi que le poète a placé les Cyclopes Brontes, Stéropes et Pyrachmon aux membres nus, qui, pour travailler aux armes du fils d’Anchise, délaissent les foudres destinées à Jupiter. Les cavernes souterraines de ces îles furent aussi, comme, vous savez, la demeure du dieu des vents ; et c’est de la que partaient l’Eurus, l’Aquilon et le terrible Borée, qui troublent les mers, et la brise propice qui enfle doucement les voiles. Les anciens expliquaient ainsi les volcans, et l’origine des orages : le monde était alors dans l’âge de la poésie ; on entassait partout merveilles sur merveilles. Lorsqu’on voyage pour son instruction, il n’y a pas de doute qu’on