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écrite sur la pierre, vous ne voyez que des colonnes qui, par leur forme élégante, rappellent les beaux jours de l’architecture et dont la dégradation et la teinte jaune vous parlent des ravages et de la marche du temps. Toutefois, on lit partout des noms modernes confiés à la pierre polie ; il n’est personne qui n’ait voulu laisser un souvenir de son passage au cap Sunium, et vivre au moins quelques jours sur ce marbre que le temps a respecté.

En nous éloignant de ces vénérables ruines, nous nous sommes retournés plusieurs fois, pour les revoir encore, et nous les avons saluées long-temps de nos regards. Il faut s’applaudir ici de ce que le temps et le génie de la destruction ont épargné la colonnade qui fait face à la mer, et dont la perspective lointaine conserve encore pour les voyageurs la majesté du temple de Minerve.

Nous n’avons pas tardé à voir les côtes escarpées de l’île de Zéa, l’ancienne Céos, patrie de Simonide ; le lendemain, au lever du jour, nous avions à notre droite l’île d’Andro, le cap d’Oro ou Pharée que les navigateurs doublent avec précaution dans les saisons des orages. À l’est du cap, on aperçoit, en avançant vers Smyrne, l’île d’Ipsara plus loin l’île de Chio. Je pourrais vous dire d’Ipsara ce que je vous ai dit en parlant d’Hydra et de Spezzia ; le commerce avait fait d’un rocher désert une île florissante, et, par les miracles de l’industrie, Ipsara était devenue une riche et heureuse cité. Chose