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et qu’on pouvait les vendre depuis ce temps ; il s’est fait une exportation de pierres et de marbres qu’on ne peut calculer, et qui suffiraient à bâtir un édifice comme Sainte-Geneviève. Après la prise d’une cité, le pillage ne dure ordinairement que quelques heures, que quelques jours ; le pillage et la dévastation d’Athènes durent depuis plusieurs années. Des flottes ont été envoyées en Orient pour arrêter les brigandages de la mer ; les pirates ont été punis et les spoliateurs de l’antiquité ont poursuivi tranquillement leurs dévastations, sans qu’aucune plainte se fit entendre, ni dans les tribunes de nos assemblées, ni dans les conseils des rois, ni même dans nos académies et dans les comités des Philhellènes. Il fallait voir les marchands, les courtiers de la science, dans les jours du désordre et de l’affliction ; que de caisses remplies de bas-reliefs, de colonnes, de statues ! Quelqu’un qui aurait vu embarquer tout cela au Pyrée, dans des bateaux de corsaires, n’aurait-il pas pu dire encore : Les dieux s’en vont. Smyrne et toutes les villes maritimes de l’Anatolie ont été remplies des ruines d’Athènes ; on les vendait dans les bazars comme des pièces de drap ou comme des raisins secs partout ; on se disputait les dépouilles de la ville de Thésée ; il y avait des procès, des plaintes judiciaires devant les cadis, pour des hermès pour des pierres du Gymnase, pour des métopes du Parthénon, pour des marbres revêtus du nom