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ridicules ; tandis qu’au delà des mers, les nations éclairées le plaçaient parmi les grands poètes, dans la rue des Trépieds il était devenu l’objet dès railleries populaires et le jouet des petits garçons qui le regardaient comme un fou. Qu’est-ce donc que la gloire, puisqu’elle n’est pas toujours présente à ses favoris, et que les hommes les plus célèbres ne peuvent faire quelques lieues loin de leur pays sans être comme les dieux inconnus des anciens ?

La lanterne de Démosthènes est restée seule, et personne n’est plus là pour la montrer aux curieux, comme l’avait jugé le cadi d’Athènes. Vous pouvez voir une copie de ce monument dans le parc de Saint-Cloud. Je l’avais admiré avant d’avoir vu le modèle ; mais aujourd’hui je n’ai plus d’admiration que pour ce qui est sous mes yeux : il en est de ces sortes de copies comme des traductions de l’Iliade, de l’Odyssée, ou de tout autre chef-d’œuvre des poètes anciens ; on y retrouve bien rarement les beautés de l’original.

Nous sommes sortis d’Athènes ou de ses ruines par la porte d’Adrien ; cette porte a peu souffert des incendies et des bouleversemens ; le temps semble s’être réservé à lui seul de la détruire : on y reconnaît l’empreinte de son passage mais le monument n’a encore rien perdu de son caractère et de sa physionomie moins grecque que romaine. D’un côté on lit sur la porte : Voilà la ville de Thésée, et de l’autre : Voilà la ville d’Adrien ! La porte d’Adrien,