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venirs s’est tellement réveillée, dans notre esprit, que l’antiquité nous semblait présente. Dans l’espèce d’enchantement où nous étions, nous n’aurions pas été trop surpris de rencontrer sous ces ombrages immortels, des personnages tels que Thésée, Solon, Alcibiade, Aristide, etc. Il faut nous savoir gré de n’avoir pas porté l’illusion jusqu’à trouver de l’eau dans le divin Céphise dont nous ayons vu le lit desséché. En quittant la forêt des oliviers, notre caravane est entrée dans une campagne découverte, où les Grecs et les Turcs s’occupaient des travaux de la moisson. On n’entendait point, et c’était à notre grande surprise, ses chansons joyeuses que chantaient autrefois les moissonneurs de l’Attique. Seulement, de pauvres villageois grecs, en passant près de nous, nous saluaient par ces mots : Cali Emèra, καλή ἡμέρα (que ce jour vous soit heureux) ; puis ils continuaient leur route sans rien ajouter ; nos regards se portaient à notre gauche vers un kioske turc qui a pris la place du jardin de l’Académie ; à notre droite, on remarquait plusieurs débris de sépulcres, parmi lesquels on a cru voir le tombeau d’Euripide. Devant nous, s’élevait en pente douce la colline de Musée, qui : nous dérobait la vue d’Athènes.

À mesure que nous approchions, je ne sais quelle mélancolie se mêlait à nos pensées ; tout à coup le temple de Thésée nous a montré ses colonnes solitaires, et ce vieux monument nous