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honneur aux chevaliers de la Croix qui fondèrent le royaume de Jérusalem, et surtout a ceux qui s’établirent dans la Morée.

Les pressentimens du duc d’Athènes ne tardèrent pas aà s’accomplir. Dès lors arrivèrent les jours de là décadence ; la Morée se trouva dépouillée de ses places les plus importantes, et, pour comble de malheur, le gouvernement perdit ce noble caractère de loyauté et de franchise qui faisait sa force. Le prince et les chevaliers, pour conserver un reste de puissance et pour couvrir la honte des derniers traités, furent jetés dans la triste nécessité d’employer la dissimulation, et de mentir à la foi jurée. Ajoutons que les maîtres de la Morée, pressés alors par des ennemis plus formidables, implorèrent l’appui dangereux du roi de Sicile qui avait d’autres intérêts que les leurs, et appelèrent à leur secours des puissances tout à fait étrangères à leur association. La fin du règne de Guillaume ne fut qu’une longue guerre, mêlé de toutes les vicissitudes de la fortune, et ce qui devait rendre tant de maux irréparables, ce prince mourut sans enfans mâles. Il ne laissa que deux filles, et perdit ainsi, dit la chronique de Morée, tout le fruit de ses travaux ; car une femme n’aurait jamais pu être admise à la souveraineté, depuis la malédiction lancée contre la femme. Cette raison du chroniqueur était celle du vulgaire ignorant ; mais il y en avait une autre : c’est que, dans le système féodal, régner c’é-