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D’un noir chagrin mon cœur languissoit accablé ;
Je regardois le ciel, et j’étois consolé.
Aujourd’hui l’amitié vient essuyer mes larmes ;
L’amitié ! Que ce nom dans l’exil a de charmes !
Il est si doux d’aimer ; mais on aime bien mieux,
Alors qu’on est proscrit, et qu’on est malheureux !
Tels ces germes d’avril que féconde la pluie,
L’amitié dans les pleurs croît et se fortifie.
Nos cœurs unis, bravant un injuste pouvoir,
N’ont qu’un même sujet et de crainte et d’espoir ;
Nous mettons en commun nos loisirs, nos études,
Nos plaisirs, nos chagrins, et nos inquiétudes.
O mes tendres amis ! Grâce à nos doux liens,
Je souffre tous vos maux, vous souffrez tous les miens.
Amitié, doux appui de l’homme en sa misère,
La coupe des douleurs est par toi moins amère ;
Les maux les plus cruels, par tes soins soulagés,
Se changent en plaisirs, lorsqu’ils sont partagés.