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Son froid cercueil souillé d’un odieux encens,
Reçoit du panthéon les honneurs flétrissans ;
Et sur l’échafaud même, invoquant sa mémoire,
Les bourreaux l’ont forcé de rougir de sa gloire.
Infortuné ! La gloire éternise ses maux,
Et la tombe immobile est pour lui sans repos.
Plus heureux ces mortels ignorés du vulgaire,
Qui, sans être apperçus, ont passé sur la terre.
Leurs paisibles cercueils, respectés des méchans,
N’éprouveront au moins que l’outrage des ans.
Aux murs de saint-Denis, dans cette église antique,
Qui montre au loin ses tours et son clocher gothique,
Vingt rois dormoient en paix dans le même cercueil.
La gloire, en ce séjour de splendeur et de deuil,
Sourioit sur le marbre à leurs ombres royales,
Et des règnes passés retraçoit les annales.
Hélas ! Que reste-t-il de tous ces monumens
Consacrés par les arts, et respectés des ans ?