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gres depuis les temps les plus reculés jusqu’à l'année 1650. « Cette pièce, dit Vignier, estoit « la dernière dans le dessein de l’autheur, n’étant qu'un abrégé de l'histoire de tout le diocèse de Langres, comprise avec ses preuves en trois parties et divisée en dix livres, et pour ce sujet appelée décade historique; mais il s'est laissé persuader par ses amis de commencer par où il devoit finir. » Piétrequin de Gilley a fait, en 1753, une traduction du Chronicon lingonense qui n'a point été imprimée, et M. E. Jolibois en a publié, Chaumont, 1842, in-8°, une traduction qu'il a fait suivre d’une continuation depuis 1650 à 1792, et à la fin de laquelle il a placé une réimpression de la table générale de l'ouvrage de Vignier. On conserve à la bibliothèque de Paris un recueil de notes et extraits, par Vignier, formant 6 vol. petit in-4°, et qui a servi à la rédaction de la Décade historique du diocèse de Langres. On trouve aussi dans cette bibliothèque deux copies incomplètes du commencement de ce dernier ouvrage. L'une, formant 2 vol. in-folio, a été continuée dans quelques parties par M. P. de St-Remy, d'après les notes de Vignier; l’autre, en 4 vol. in-folio, est suivie de la Chronique de Grançay, roman historique et généalogique appelé aussi la Roue de fortune, dont Vignier n’est point l'auteur, mais qu'il a annoté. Vignier est auteur des ouvrages suivants : Traité de la paix de l'âme, Reims et Lyon, 1637, in-12; — Traité de la pratique de la paix de l’âme dans la vie de St-Louis, Autun, 1642, in-12; — Recherches historiques sur la ville et le comté de Bar-sur-Seine et Traité des Ambarres ; — Recueil des inscriptions de Langres et lieux circontoisins; — Recueil de mots gaulois expliqués; — Vie d'André Quijon. On ignore ce que sont devenus tous ces ouvrages restés manuscrits. — Vignier (Jean), né à Bar-sur-Seine en 1603, entra dans l'ordre des Jésuites en 1620 ; il fut recteur du collége de Châlons et mourut à Bourg le 17 septembre 1651. Il a publié un Traité des attributs de la Mère de Dieu, Lyon, 14650, in-4e. T.-P. F.

VIGNIER (Henri) né à Bar-sur-Seine en 1641, de la même famille que les précédents, entra dans la congrégation de l’Oratoire, où il exerça avec beaucoup de zèle, pendant six ans, les fonctions de curé à la Rochelle. M, de Clermont-Tonnerre, son parent, lui donna un canonicat dans sa cathédrale de Langres, qu'il quitta ensuite pour se retirer à Paris, dans la maison de St-Honoré, où il mourut en 1707. On a de lui la Connaissance de Jésus-Christ, 1703, in-12; — des Exercices de piété, 1703, in-12; — des Psaumes de David en trois colonnes, 1703, in-12. — Un autre Vignier fit imprimer à Saumur, 1676 et 1684, un ouvrage intitulé le Château de Richelieu, ou l'Histoire des dieux et des héros de l'antiquité, avec des réflexions morales en vers. T-p.

VIGNOLE (Jacques Barozzio), architecte célèbre, est moins connu sous son véritable nom que sous celui de Vignole, petite ville du duché de Modène, où il naquit en 1507 et où son père, Clément Barozzio, gentilhomme milanais, s'était retiré pour se soustraire aux guerres civiles qui déchiraient Milan et qui lui avaient fait perdre sa fortune. Jacques s'appliqua d’abord à la peinture; mais, entraîné par un penchant irrésistible et ne faisant en peinture que de faibles progrès, il étudia la perspective, dont il a fixé les règles invariables par un traité qu’il composa pour son usage et qui est devenu classique[1]. Cependant son goût le dirigeait plus spécialement encore vers l'architecture, et après avoir profondément médité Vitruve et les anciens auteurs, il fit le voyage de Rome, où il dessina d’abord et mesura plusieurs fois avec une extrême exactitude les monuments anciens. C'est d'après cette étude qu'il a donné son Traité des cing ordres, rédigé avec tant de simplicité et de méthode qu'il de- vint aussitôt sur cet art la règle universelle et qu'il est encore aujourd'hui le rudiment des premières études de l'architecture[2]. Pendant qu'il était à Rome, Vignole dessina pour l'académie naissante les anciens édifices de cette capitale. Voulant se rendre de plus en plus utile, il rédigea ses conférences sur les difficultés de l’art et retira de ce travail l'avantage de mieux connaître encore les principes et la manière des anciens. Le Primatice ayant été envoyé à Rome par François Ier pour y acheter ou faire mouler des statues antiques, Vignole lui donna plusieurs de ses dessins et le suivit à Paris, où il demeura deux ans. Plusieurs figures en bronze, qu'on voyait à Fontainebleau, et quelques dessins et modèles des édifices dont la guerre empêcha l'exécution, furent les seuls travaux qui l'occupèrent pendant son séjour en France. Quelques- uns prétendent que le château de Chambord a été construit sur ses dessins; mais ils se trompent : cette maison royale fut bâtie par un architecte de Blois plusieurs années avant l'arrivée de Vignole en France. Celui-ci, étant retourné à Bologne, donna des dessins pour la façade de l'église Ste-Pétrone et bâtit un palais magnifique pour le comte Isolani. Il construisit aussi le portique du change; mais ce qu'il fit de plus utile pour la ville, ce fut le canal du Naviglio. Le duc de Parme lui fit faire encore les dessins de son palais, dont Vignole laissa la conduite à son fils Hyacinthe. On lui attribue les églises de Massano, de St-Oreste, de Notre-Dame des Anges à Assise et la chapelle de St-François à Pérouse. Le pape Jules III, à qui il fut présenté par Vasari, l'ayant nommé son architecte, lui fit construire une maison de campagne et la petite

  1. Ce traité a été commenté par Ignazio Dante en 1683. Il a paru en 1668, et il a été souvent réimprimé.
  2. Ce traité des Cing ordres a été traduit et commenté par Daviler, Paris, 1691,3 vol. in-4e, ct 1738, 2 vol. grand in-8°. Une vieille traduction forme un volume in-8° entièrement gravé, qui a été publié à Amsterdam, en 1658, chez Louis Elsevier.