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VIGNEUL-MARVILLE. Voyez Argonne.


VIGNIER (Nicolas), né en 1530, à Troyes, d’une famille noble et ancienne, étudia la jurisprudence pour complaire à son père, qui était avocat du roi dans cette ville, et s’appliqua à la médecine, suivant son goût particulier. Ayant embrassé de bonne heure le calvinisme, il fut obligé de se retirer à Bar-sur-Seine ; et c’est pour cela que dans tous ses ouvrages il se dit de cette dernière ville. Il passa de là en Allemagne, où il exerça la médecine pour vivre. Obligé de lire les saints Pères, et d’étudier à fond l’histoire de l’Église, pour composer sa Bibliothèque historiale, il se désabusa de ses erreurs, et repassa en France pour rentrer dans la communion catholique. Henri III le fit son médecin, lui donna la charge d’historiographe de France, et le décora du titre de conseiller d’État. Il mourut à Paris en 1596. après avoir composé les ouvrages suivants : 1° Rerum burgundiarum chronicon, depuis 408 jusqu’en 1482, Bâle, 1575, in-4° ; 2° Sommaire de l’histoire des Français. Paris, 1579, in-fol., commençant à l’origine des Français, et finissant à la mort de Louis XII ; ouvrage plein de recherches et d’actes tirés des trésors de diverses églises. Il y a à la tête un Traité de l’État et origine des anciens Français, imprimé séparément avec des augmentations, en 1582, à Troyes, et traduit en latin par l’auteur sur cette dernière édition, pour être inséré dans la collection de Duchesne. Ce traité curieux et exact, mais trop peu étendu et trop confus, fait sortir les Français de la basse Germanie. 3° De le noblesse, ancienneté, remarques et mérites d’honneur de la troisième Maison de France, Paris, 1587, in-8°. L’auteur ne remonte qu’à Robert le Fort, qu’il fait chef de cette race, et il tâche de prouver que Hugues Capet parvint à la couronne sans usurpation. 4° Les Fautes des anciens Hébreux, Paris, 1588, in-4° ; 5° la Bibliothèque historiale. Paris, 1588, 3 vol. in-fol. Le quatrième volume, qui contient des additions et corrections aux précédents, n’a paru qu’en 1650. Vignier consacra vingt-cinq ans de travail à cet ouvrage entièrement oublié aujourd’hui. 6° Recueil de l’histoire de l’Église, Leyde, 1601, in-fol., ouvrage dans lequel ses fils qui l’ont publié ont mis bien des choses que leur père aurait désavouées ; 7° Raisons et causes des préséances entre la France et l’Espagne, contre Cronato, composé en 1589, et publié en 1608 à Paris, in-8° ; 8° Histoire de la Maison de Luxembourg, Paris, 1617, in-8°, avec la continuation d’André Duchesne ; ibid., 1619, in-8°, avec celle de Nic.-George Pavillon ; 9° Traité de l’ancien état de la Petite-Bretagne, et du droit de la couronne de France sur icelle, composé en 1582, contre d’Argentré, imprimé en 1619, Paris, in-4°. Ceux de ses ouvrages qu’il avait publiés avant sa conversion se ressentent, en bien des endroits, des opinions qu’il suivait alors.

T—n.

VIGNIER (Nicolas), fils du précédent, se fit un nom dans son parti par son zèle et par son savoir, fut ministre de l’Église réformée de Blois, et rentra sur la fin de ses jours dans le sein de l’Église catholique. Sa conversion fut due en partie aux prières et au zèle de son fils Jérôme. On a de lui : 1° De Venetorum excommuncatione adversus Baronium dissertatio ; 2° le Théâtre de l’Antechrist, 1610, in-fol., composé par ordre du synode de la Rochelle de 1607. Cet ouvrage plein de calomnies passa pour être violent parmi les protestants modérés. 3° Plusieurs autres ouvrages de controverse et ascétiques, dont on trouve les titres dans les Mémoires de Niceron, t. 42.

T—d.


VIGNIER (Jérôme), fils du précédent, né en 1606 à Blois, où son père était ministre de la religion réformée, fut pendant quelqge temps bailli de Beaugency, place dans lequel il s’attira la confiance publique par son application à prévenir et à terminer les procès, en usant des voies de conciliation. Ses recherches savantes furent utiles à M. de l’Aubépine, évêque d’Orléans, pour la composition de ses ouvrages. Le prélat profita des liaisons qui s’établirent entre eux pour l’attirer à la religion catholique, et la conversion du fils fut depuis suivie de celle du père. Vignier, étant entré, en 1630, dans la congrégation de l’Oratoire, gouverne plusieurs établissements à la satisfaction de ses supérieurs, et finit par se fixer, en 1668, dans le séminaire de St-Magloire. Il s’était déjà fait connaître avantageusement par une oraison funèbre, imprimée, de M. Legouz de la Berchère, premier président du parlement de Dijon, et par un recueil de poésies latines et françaises, publié, en 1638, chez Camusat. Il possédait les langues savantes, et s’était appliqué la connaissance des médailles, ayant enrichi de ses recherches le cabinet du roi et celui du duc d’Orléans. Mais ce fut à l’étude de l’histoire et des généalogies qu’il s’appliqua de préférence. Le premier fruit de son travail en ce genre fut la Véritable origine des Maisons d’Alsace, de Lorraine, d'Autriche, etc., Paris, 1669, in-fol. Jean-Jacques Chifflet traduisit l’ouvrage en latin, l’enrichit de notes et le publia l’année suivante à Anvers, sous ce titre : Stemma austriacum. L’auteur y détruit entièrement l’opinion accréditée par les ligueurs qui faisait descendre la Maison de Lorraine des rois de la première race, et lui donnait pour tige Archinoald ou Archambaud, maire du palais sous le roi Dagobert. Vuyon d’Herouval y a relevé quelques fautes de chronologie et de généalogie. Malgré ce défaut, Chifflet disait qu’après le P. Vignier, il fallait supprimer tout ce qui avait paru jusqu’alors sur la Maison d’Autriche. Ce n’était là que le plan d’un travail beaucoup plus étendu, pour lequel il avait rassemblé de nombreux matériaux, qui se conservent à la bibliothèque de Paris, parmi les manuscrits de Gaignières, avec des additions et des notes de l’auteur (voy. Herrgott). Le P. Vigniet